La Néréide, en provenance d'Aquos

La Néréide est l'un des plus rapides vaisseaux de la flotte aquéenne. Bien que n'étant pas le plus beau, ni le plus grand, c'est celui que privilégiait Piedalu dans ses déplacement lorsqu'il devait couramment faire des aller-retours entre la planète du Sénat et Aquos, à l'époque où il était Président du Sénat.
Cette frégate est dirigée par seulement une quinzaine d'hommes et de femmes d'équipages, et elle ne contient pas la moindre arme de guerre. Seul un bouclier de type ENA (à Énergie Négative d'Absorption) en assure la défense, mais en général, une hyperaccélération suffit à distancer les quelques pirates de l'espace qui essayent de s'en prendre à elle.
À sa tête : le Capitaine Poséis, un homme bourru, mais en qui Piedalu avait toute confiance.

Cela faisait plusieurs jours que l'équipage était au courant de cette mission, mais Piedalu avait attendu un premier contact diplomatique avant de donner le feu vert à Poséis. Tous les occupants avaient été prévenu de l'importance et du danger associé à ce voyage et tous en avaient accepté les risques. Comme la plupart des aquéens, ils étaient athées et ne croyaient pas à l'existence d'une force supérieure, mais ils connaissaient les possibilités quasi-illimitées de la technologie post-rémanente et se méfiaient de l'artéfact qui était sensé se trouver sur Lérina.

Ils avaient encore quelques jours de voyage devant eux pour se préparer à ce qui les attendaient. Les communications avec l'extérieur avaient été coupées sur ordre de Poséis et ils étaient désormais privé de toute possibilité de changer d'avis.

Ju' Styne venait d'être avertie par message prioritaire de l'arrivée du vaisseau en provenance d'Aquos. Le commandement sur Eléath était très clair: "supervisez personnellement l'arrivée de la délégation, supervisez aussi leurs études et demandez confirmation avant de leur donner accès à des données de niveau 3. L'accès au Cube est à prohiber pour le moment..."

elle pris un micro dans l'astroport et contacta le vaisseau:

"salutation Néréïde, bienvenu sur Lerina, autorisation d'attérir n° 25 12. présentez vous dock 12. Des locaux vous sont réservés dans notre quartier des ambassades. Bienvenu sur Lerina"

À peine avaient-ils approché de l'atmosphère de la planète Lérina que Mnemosyne, l'une des responsables des systèmes de communication du vaisseau, fit transmettre un message d'accueil au capitaine. Vraisemblablement, la planète était en état d'alerte et les alentours étaient surveillés attentivement. il serait difficile de partir d'ici en cas de problème.

Poséis décida de répondre personnellement:

-Ici Poséis, capitaine de la Néréide.
Instructions bien reçues, manoeuvre d'approche en phase finale.

Le vaisseau approcha de la surface lentement et vint s'arrimer à l'emplacement indiqué en douceur. La passerelle des passager fut installée en moins de temps qu'il n'en faut pur le dire, et le capitaine se présenta lui-même sur le dock 12, accompagné d'une jeune femme et d'un homme dans l'âge mûr.

Pendant ce temps, à l'intérieur de la Néréide, l'équipage avait entamé la procédure normale de vérification des structures qui allait durer une petite heure.

La petite délégation aquéenne fut reçue par le tesserarius Olion, un sous-officier golléen envoyé par son supérieur, le légat Hank. Olion était arrivé sur Lerina quelques heures seulement avant que la Néréide accoste, avec toute la garde armée en provenance de Gollem. Si Hank avait choisi de le prendre avec les autres militaires, ce n’était pas pour rien. Il possédait une qualité que les autres auraient pu lui envier : en plus d’être un bon tireur (mais pas le meilleur), c’était un fin diplomate. Et cela allait compter.

Il accueillit les 3 Aquéens à la façon golléenne, et ne se trompa pas sur la personnalité à qui s’adresser :

« Salutations Capitaine Poséis, ainsi qu’à vos deux accompagnants. Soyez les bienvenus sur Lerina, siège du quartier-général de la PAX. J’ai pour consignes de vous amener à vos quartiers, en attendant de nouvelles instructions. Vous ne pourrez pas circuler en dehors de la zone de l’ambassade publique. Les secteurs sont sécurisés, nous vous demandons donc de bien vouloir respecter les procédures.

« En premier lieu, je dois vous demander de me fournir les armes que vous seriez susceptibles de porter. Toutes armes tranchantes (armes blanches ou à impulsions) doivent également m’être remises.

« Ensuite, si votre équipage a besoin de prendre contact avec vous durant les phases de contrôle de votre appareil, il pourra vous contacter en basculant le commutateur sur Intercom’ 4.

« Si vous avez des questions, vous pourrez me les poser durant notre trajet vers vos quartiers. J’essaierai d’y répondre dans la mesure de mes connaissances et du niveau de confidentialité des renseignements demandés.

« Il y a actuellement beaucoup d’effervescence sur Lerina, mais vous ne vous en apercevrez pas du fait que les zones auxquelles vous allez accéder ne sont pas soumises à cette effervescence. Vous n’y croiserez d’ailleurs que très peu de monde.

« Maintenant, je vais vous demander de me suivre. »

Et la petite troupe de se diriger à pieds vers l’ambassade publique.

Poséis avait pensé tout au long du voyage à la manière dont il allait devoir se comporter face à des personnages officiels et autres bureaucrates qu'il pourrait rencontrer... Les bonnes manières et les apparences n'étaient pas son fort, mais Piedalu ne s'en était jamais plaint. Il savait que, derrière lui, Mnemosyne appréhendait cet instant. Elle avait toujours été plus ou moins réticente face à ses manières d'ours et même si elle ne lui avait jamais révélé en face, il connaissait son sentiment.

Il décida de faire un effort pour répondre à l'accueil du militaire envoyé par les responsables de la planète:

-Je vous remercie de cet accueil. Nous comprenons parfaitement que vous imposiez des restrictions, et nous nous y plierons.

Il avait dit cela avec un ton décalé qui ne sembla pourtant pas perturber son vis à vis. À côté de Mnémosyne, Phytos retint un sourire. Il savait l'effort qu'il en coûtait au Cap'tain pour parler ainsi devant ces étrangers.

La remarque concernant les armes balaya les bonnes intentions de Poséis qui laissa échapper un grand rire:
-Des armes ! Je pensais pourtant que vous connaissiez un peu la position aquéenne sur le sujet !
Mais voyons, à moins que vous décidiez de confisquer les outils de nos mécaniciens, je ne vois pas ce que vous pourriez considérer comme une arme à bord de mon vaisseau.

Il écouta la suite des consignes et acquiesça finalement d'un amical:

-Très bien. Conduisez-nous, mon brave.

Le tesserarius encaissa les différentes remarques de son interlocuteur sans broncher. « Ne pas montrer de signe extérieur d’agacement » se disait-il, tout en avançant d’un pas pressé vers les locaux réservés aux Aquéens. Il connaissait leur réputation d’empire pacifiste, mais ne soupçonnait pas qu’il refusait jusqu’à porter des armes blanches (même pour se défendre).

Mais ce qui l’avait le plus offusqué était la dernière petite remarque. « Mon brave ». Comme si sa fonction se résumait à accueillir des étrangers et à leur servir des boissons fraîches. Orion était d’abord un militaire, et il ne pouvait supporter d’être qualifié de la sorte. L’idée de sortir son arme de poing et de mettre en joue l’Aquéen avait traversé son esprit l’espace d’une fraction de seconde. Peut-être même que sa main avait esquissé un mouvement minime allant dans ce sens. Il espérait que personne n’ait remarqué son geste, involontaire et signe d’un manque de contrôle.

Ils arrivèrent en silence dans une grande salle, donnant sur plusieurs portes fermées. Chaque porte était numérotée en rouge, sauf les portes 13 et 15.

« Voici vos quartiers pendant votre séjour sur Lerina », fit Olion, en désignant les 2 portes. « Chaque pièce est équipée afin que vous puissiez manger, vous reposer et faire votre toilette si besoin. Les 2 pièces sont également équipées d’Intercom’ et d’un serveur qui vous fournira les informations d’ordre général sur la PAX et Lerina. Vos accès sont bien sûr très limités. Si vous souhaitez voir quelqu’un en particulier, ou accéder à une zone restreinte, vous pourrez me contacter en basculant le commutateur sur Intercom’ 2. Je vous répondrai très rapidement. »

Olion attendit patiemment de voir ce qu’allait faire les Aquéens.

*Nos quartiers... ! Comme si on n'avait pas tout le nécessaire à bord du vaisseau !
Enfin, on va leur faire plaisir...*

Il jeta un regard devant lui, et répondit:

-Ça s'ra parfait, merci bien !

Puis, se retournant vers le militaire:

-Mais allons droit au but: On n'est pas v'nu ici pour faire du tourisme ! piedalu nous a d'mandé d'essayer de comprendre c'que c'était qu'ce cube et c'est pas en restant enfermés ici qu'on va avancer... Alors quand vous s'rez prêt à nous faire visiter vos installations ou à nous en dire plus, vous nous f'rez signe. Ça s'ra plus simple comme ça !

Mnémosyne était horrifiée alors que Phytos, par contre, attendait avec impatience la réaction de l'interlocuteur du Cap'tain poséis.

Olion fut à nouveau pris de court face au franc-parler du responsable de la délégation. Il savait depuis le début que cette question serait posée, et il avait donc préparé sa réponse depuis un moment. Mais l’attaque de Poséis l’avait déstabilisé. Il mit quelques secondes avant de pouvoir sortir une réponse qui n’était pas du tout celle préparée dans un coin de sa tête.

« S’il vous souhaitez être franc, alors soyons-le. Vous n’êtes pas particulièrement les bienvenus sur Lerina, et seule une part de diplomatie fait que nous vous accueillons le mieux possible. Et soyez rassurés : vous n’apprendrez rien du Cube. Votre voyage ne sert à rien, si ce n’est à user de l’hydrogène et de la nourriture. Et à me détourner de ma fonction première.

« Je vais donc vous laisser seuls dans cette partie du bâtiment, et si vous le souhaitez, nous mettrons toutes nos équipes libres à votre disposition pour vous aider à repartir le plus vite possible. Et ne tentez pas de me soudoyer, je ne… »

Puis le silence. Olion avait été coupé dans son monologue par un ordre qu’il recevait via son oreillette de communication. Sans adresser un mot aux hôtes, il courut vers une porte dérobée qui se verrouilla automatiquement derrière lui.

Encore quelques secondes, et une alarme sonore retentit, suivie par une baisse de la lumière naturelle remplacée par une lumière artificielle rouge.

Une voix mécanique s’éleva : « Ceci n’est pas un exercice. Code rouge. Toute personne étrangère au service de sécurité est priée de rester dans ses quartiers. Ceci concerne en particulier les délégations étrangères, les civils et les membres de l’administration Lerinienne. Tout vaisseau en partance doit rester à quai tant que la planète est sous alarme. Ceci n’est pas un exercice. »

Sans se décontenancer le moins du monde par les alarmes, Poséis se retourna vers ses deux compagnons:

-Dommage, je commençais à l'apprécier !
Bon, voyons c'qu'on peut faire à partir d'ici: Mnémo, tu peux contacter la Néréide pour leur faire un topo d'la situation ?

Mnémosyne se retint de faire un commentaire sur la situation diplomatique qu'elle jugeait déplorable, et s'écarta pour enclencher une communication radio avec leur vaisseau.

Phytos sourit et enchaîna avant même que leur compagne soit hors de portée de voix:
-Dis donc Cap'tain, au moins on n'a pas traîné. C'était bien envoyé !

-Mouais, foutu alerte... A croire qu'ils voulaient écourter not' conversation. Bon, tu sais ce que tu as à faire ?

-Je m'y mets tout de suite, mon capitaine.
Et il commença à faire le tour de la pièce, avec un petit appareil qu'il avait sorti d'une poche intérieure de sa combinaison.

l'appareil sorti par phytos tinta en plusieurs endroits, les membres de la délégation ne tardèrent pas à découvrir de minuscules systèmes d'écoute. La fabrication ne laissait aucun doute, il s'agissait d'appareils de fabrication élyséenne destinés à écouter les conversations des aquéens...

Phytos revint auprès de Poséis et lui indiqua à haute voix la présence des systèmes de surveillance. Puis il lui tendit son appareil, lequel indiquait les résultats de relevés sur un petit écran: On trouvait-là un plan de la pièce avec des informations sur la densité des matériaux constituant les murs et les portes, des estimation de la dimension des pièces mitoyennes, un relevé des formes de vie présente à proximité, et enfin un aperçu des fréquences radios et autres signaux qui pouvaient être captés d'ici.

-Bon travail ! Merci Phytos.
Mnémo ?

Mnémosyne fit signe que tout était OK. Manifestement, les membres restés à bord avançaient dans leur travail, comme prévu. Elle repris sa conversation.

-Bon. À vous qui nous écoutez: Nous ne comptons pas tenter de sortir d'ici contre votre accord. Ces mesures sont donc un peu exagérées. Vous pourrez dire à vos supérieurs que nous allons patienter jusqu'à ce que l'un d'entre eux accepte de venir nous rencontrer. Nous espérons que cela ne s'éternisera pas. Merci.

Les officiers de renseignement captèrent un message partant de Lerina qui fut apportée à Poséis:

origine: tour de commandement du Concile elyséen sur Lerina
Destination: Eléath, Grand Corail
Objet: Faim Ecarlate

**** ******* ****** transe **** **** ne ****** sortir. ///// ****** /////
Utiles ***** ///////// ******* pas de solutions immédiates ****** ******
//////// sauvagerie incroyable *********** ------------ //////////// unités spécifiques

malheureusement, une grande partie du message est resté codé, seules des bribes ont pu être récupérées.

Thétys, la deuxième responsable des communications de la Néréide gérait les données qui lui avaient été transférées par Mnémosyne, et reconstituait un plan en trois dimensions depuis les quais sur lesquels se trouvait le vaisseau jusqu'à l'endroit où se trouvaient le capitaine et les deux personnes qui l'avaient accompagné.

Arthésys, l'un des techniciens les plus doués de sa génération, tentait quant à lui de modifier le régulateur/analyseur de trajectoire - appareil qui servait habituellement à s'assurer de ne pas croiser la route d'un astéroïde ou autre corps à la dérive - pour enregistrer les déplacement à proximité de l'orbite de Lérina. Il espérait pouvoir enregistrer des informations sur les différents vaisseaux en partance ou à destination de la planète, ainsi que leurs caractéristiques et performances propres.

Ju' Styne pénétra alors dans la pièce où se trouvaient Poséis et son équipe sans se faire annoncer...

"hé bien, je vois que l'activité va bon train ici...

Je suis Ju' Styne, représentante de l'Empire Elyséen et je viens à vous afin de répondre à vos légitimes questions concernant l'agitation qui règne sur Lerina. Veuillez excuser l'abscence du Grand Corail Tony 13 mais, depuis la disparition de Gladstone, il ne quitte quasiement plus Eléath..."